BALDAQUIN
Elle l'attend depuis si longtemps maintenant, allongée sur ce lit où il l'a capturée, oubliée, bras tendus relevés au-dessus de sa tête; les poignets liés par des rubans de satin noir qui marquent sa peau claire.
Un collier de grenats entremaillé de perles pèse sur ses seins durcis qu'il a, tout à l'heure, longuement effleurés du bout de ses doigt, la regardant se tordre et gémir doucement, lèvres entr'ouvertes, quémandant sans savoir un baiser qu'il n'a pas daigné donner.
Très lentement, il l'a déshabillée, s'attardant à loisir entre la frontière douce de la peau et du tissu mais lui laissant toutefois la blancheur de son jupon de faille, qu'il a largement remonté sur sa taille dans une caresse soyeuse, puis, de ses mains chaudes, il a encerclé ses chevilles en écartant ses jambes presque jusqu'au bord de ses larmes.
Sa bouche a suivi le contour de ses cuisses jusqu'à revenir à ses hanches qu' Elle a tendues vers Lui, impatiente déjà et certaine maintenant d'une caresse précise mais elle n'a rien dit; ne l'a pas regardé, a seulement laissé son corps lui parler et lui raconter tout bas ce qu'Elle n'ose pas dire mais qu'Elle a tant voulu, le visage caché dans ses longs cheveux mêlés. Les yeux baissés sur sa fierté démantelée.
Au hasard d'une caresse qu'il achève partout ailleurs où Elle voudrait qu'il fût.
Antonia de Réus de la Torre
texte premier du recueil 3
Face to face
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