I
Il a tremblé longtemps l'étalon épuisé.
Il a couru si loin sous l'emprise de l'homme.
Il a bondi et s'est tendu dans un rai d'anthracite
Qui a mordu le ciel étreint des flammes d'un enfer
Et sur sa crinière furieuse se sont noyées des rivières d'or
Lorsqu'il s'est cabré brutalement d'un sursaut de révolte
Arqué contre le disque surchauffé d'un soleil d'alabastre
En sentant peser sur lui tout le poids de son maitre
Car est venu ce matin le fils orgueilleux d'el Ahogar
Apposer volontaire de sa marque impérieuse
La noble caresse lourde d'une selle safrane
Adornée poinçonnée au nom chaud de cordoue
Dans le souvenir prenant d'une ville d'Espagne.
Conquise à l'image du pur sang bouillonnant de colère Qui ne s'est jamais rendu Aux volontés du targui Et qui renâcle toujours Sous le joug âcre et odorant Du cuir repoussé en cercles d'argent Dans des soubresauts capricieux.
Il frissonne encore d'une moire d'écume
Car de la même intense stase effrénée
Leurs deux corps sculptés se sont épousés
Dans la joie de cette course si sauvage
Qui les a unis d'une seule et même intense frénésie
Et le vent qui lèche par vagues calmes
Son pelage de saphir bleu tout luisant de sueurs
En soulevant paresseusement des langues de sable
Qui s'enroulent tout autour de ses jambes
En autant de vagues caresses lentes
Le porte maintenant comme sur une marée tranquille
Dans l'assouvissement de sa force animale.
Maté de fatigue mais indomptable de sang
Il boit longuement entre les mains du targui
D'une belle complicité de race.
Antonia de Réus de la Torre
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