Elle a couru au désert. Ensuite Elle a marché. Et puis Elle est tombée. Alors Elle s'est traînée.
Alors, chienne chaude femelle, Elle a hurlé.
D'un long cri de violence qui a fracassé l'horizon frémissant de chaleur sur sa ligne brisée, la femme chrétienne infidèle, épouse répudiée d'un mariage forcé, a griffé d'impuissance le désert affamé et, dans le creux de sa main tétanisée de révolte, s'écoule le sable déjà tiède ainsi que se coule sa vie encore chaude d'un souffle épuisant.
Ecroulée de douleur sur un versant de la dune qu'Elle ne gravira plus, maintenant qu'aujourd'hui Elle arrive tout au bord de l'ultime mystère, l'amante condamnée d' un amour forcené s'abandonne d'errances sous le cercle hypnotique d'un vautour impatient et sur sa peau craquelée se parchemine déjà son visage volé dans le masque hideux de sa beauté ravagée.
Prisonnière à mort d'un espace infini, froissée dans ses voiles telle une fleur étrange éclose du hoggar, Elle se prend d'un délire au seuil du néant lorsque ses yeux incertains tremblent le mirage d'une ombre indistincte où se contourne pourtant le souvenir précieux d'un sourire éclatant. Et Elle se souvient.
Ils l'ont tué.
Tué devant Elle qui n'en finit plus de mourir.
Antonia de Réus de la Torre
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